Pour un oui ou pour un non
Il est question ici de langage, de rhétorique et de démonstration.
Dans cette pièce où un tribunal peut vous délivrer l’autorisation de rompre une amitié, la tentation est grande d’appliquer cette mise en abyme théâtrale du tribunal dans la pièce.
La salle de spectacle devient donc un tribunal où le public devra rendre un jugement : celui qui concerne la demande de rupture amicale d'une certaine H 2 face à une amie de toujours, H 1.
Le public prend la place d’un juré d’assise et des membres du tribunal, et les spectateurs sont intégrés à l’histoire dans une mise en situation dynamique de la pièce. Il est pris à parti pour comprendre les différents points de vue.
Imperceptiblement, les avocates se confondent avec les personnages de la pièce. On brouille les pistes et le lieu de la reconstitution devient scène de théâtre.
Cette plongée dans le métathéâtre donne l’occasion de défricher ce texte en jouant sur les mots, les intentions, les mises en scène.
Jouer ce texte sans 4eme mur permet aussi de dynamiter les codes du théâtre et d’inclure le public dans la recherche de la vérité et dans le jugement des personnages.
On retrouvera ici les codes de la téléréalité et leur confessionnal,
mais aussi les codes des réseaux sociaux et leur culture de l’image. Car l’image du bonheur et de la réussite, le jugement d’autrui, les questions de normes, de validation, d'influence qui étaient déjà développés dans cette pièce de 1982 nous tend un miroir bien actuel qui va soulever des interrogations, dévoiler des passerelles et nous permettre la transition vers un petit « bord scène » où nous pourrons aborder toutes ces questions...
La pièce
Un personnage (H. 1) rend visite à son ami (H. 2) pour comprendre pourquoi celui-ci l'ignore
depuis quelque temps.
H. 2, après quelques hésitations, lui répond qu'il prend ses distances à la suite d'une remarque condescendante d'H. 1 : « C'est biiien, ça. »
La conversation devient alors un débat, puis un conflit, en se développant autour de l'interprétation de cette formule.
En écrivant sur le discours Nathalie Sarraute nous montre ce qui grouille derrière les mots.
Dans cette pièce publiée en 1982, tout ce qui compte est ce qui n'est pas dit. La tension entre les protagonistes est révélée par ce qui existe sous les mots les plus anodins : « c'est bien, ça ».
La pièce traite de la manière de dire, de s'exprimer et tout tourne autour de l'interprétation qu'on en fait. Ceci met en lumière les non-dits de la conversation (rapport de force, besoin de reconnaissance, jalousie, mépris...).
En mettant au cœur du dialogue ce qui n'est pas dit l'autrice éclaire les rapports humains.
Mise en scène : Charlotte Perrin De Boussac
Regard Extérieur/chorégraphie : Charo Beltran Nunez
Interprétation : Angélique Grandgirard, Capucine Mandeau
Spectacle inscrit sur Pass Culture/Adage
Bord scène proposé à la fin de chaque représentation avec les spectateurs pour parler des choix de mise en scène, de la pièce, des personnages, des interprétations et des parcours des comédiennes.
Débat : en prolongement du spectacle
la communication : les niveaux de langage, les manières de communiquer selon les interlocuteurs...
Est ce que la parole permet toujours de dénouer des conflits ou au contraire envenime les relations ?
l'appartenance à une communauté : injonctions et soutien, pressions et influence de l'entourage.
En quoi les réseaux sociaux influencent nos réalités ? Qu'est ce qui dicte et influence nos comportements ?
A quel tribunal actuel doit-on se soumettre ? Quelles sont nos marges de manœuvres ?
Médiation culturelle possible sur demande :
atelier de pratique artistique : écriture et mise en scène autour d'un récit