Moby Dick

(titre provisoire)

Moby Dick en résumé :
Attiré par la mer et le large Ismaël décide de partir à la chasse à la baleine. Il embarque sur le un baleinier le Pequod commandé par le capitaine Achab avec son nouvel ami Queequeg. Ismaël se
rend vite compte que le bateau ne chasse pas uniquement pour alimenter le marché de la baleine.
Achab recherche Moby Dick, un cachalot blanc particulièrement féroce et d'une taille impressionnante, qui lui a arraché une jambe par le passé. Achab emmène son équipage dans un voyage autour du monde à la poursuite du cachalot dont il a juré de se venger. Le Péquod finira par sombrer en laissant Ismaël seul survivant, flottant sur un cercueil.

Le projet :
Elaborer une adaptation scénique du roman Moby Dick en s’aidant d’associations scientifiques.
Le résultat sera un spectacle en salle frontal incluant jeu musique illustrations et exposition pédagogique sur les cétacés.

Note d'intention


Nantucket, Massachusetts, vers 1840.
Un désir de grand large conduit Ismaël à embarquer comme matelos sur le Péquod.
Un baleinier qui a pour capitaine Achab, dont la jambe a été broyé par un cachalot un « monstre » : Moby Dick.
Si Ismaël est le narrateur, les deux héros de l’histoire sont bien le cachalot et le capitaine, lancés tous deux dans une course à la vengeance.
Car l’homme et l’animal sont tous les deux sujets, l’un monté contre l’autre et c’est cette notion de sujet qui m’a intéressée chez Moby Dick.

Le sujet Moby Dick

Philippe Descola est anthropologue, il a passé trois ans chez les Achuars en Amazonie. Et la première leçon qu’il en a tirée, c’est que la Nature n’existe pas.
Cette notion de Nature, inventée par l’homme occidental depuis l’antiquité, n’a pas beaucoup de sens pour d’autres peuples qui voient dans les plantes et les animaux des sujets et non des objets. Pour les indiens Achuars, il y a des animaux, des fleuves, des forêts, mais il n’y a pas un « grand tout » auquel tout cela appartiendrait et qui s’appellerait « Nature ». Ce sont des sujets individuels, et ce sont surtout des partenaires sociaux. Mais, même s’il y a des liens de partenariat, d’empathie ou de compétition, il s’agit tout de même de partenaires, plantes ou animaux, que l’on va manger. La différence est là : chasser un partenaire que l’on considère comme son égal. Le capitaine Achab est dans cette relation là avec Moby Dick.
Bien sûr, Herman Melville ne connaissait pas cette cosmogonie et il écrit depuis une époque où on ne s’embarrasse pas de droits des animaux ! L’anthropocentrisme faisait loi, comme c’est encore (beaucoup) le cas aujourd’hui, du moins en Occident… Néanmoins la relation d’Achab et de Moby Dick est singulière car ce sont les deux héros de l’histoire.

Mise en scène

Le récit d’aventure est une marotte chez Belle Pagaille : création du spectacle dont vous êtes le
héros « le voyage d’Abel Babel », récit initiatique dans la pampa de « Monique sur les crêtes » ou bien déambulation à la recherche de ces aventurières du 19e et 20e siècle dans « Exploratrices ».
Avec « Bleu comme la feuille de l’arbre », nous emmenons le public dans le récit brut du conte
traditionnel, slave, grec ou bantou.
Embarquer le tout public dans un récit épique nécessite de se mettre au service de l’histoire,
avec humilité. La vie à bord d’un baleinier, la vengeance métaphysique, l’épopée melvillienne
sont suffisamment « shakespearienne » pour ne pas en rajouter dans la dramaturgie. Il s’agira d’amener le souffle épique, l’intensité des personnages et la quête initiatique dans un spectacle épuré, presque radiophonique où la musique, les bruitages, le jeu et quelques accessoires nous transporterons dans les eaux profondes et la folie destructrice et terrifiante
d’Achab et du cachalot.

Traitement des personnages :
Les 30 membres de l'équipage du Pequod apparaissent comme autant de peintures détaillées de types et de comportements humains ; les critiques ont pu décrire ces personnages du baleinier
comme un univers clos et autonome. En effet la chasse à la baleine, au début du XIXe siècle, attirait
des hommes de tous les continents et de toutes les classes sociales. Certains venaient y chercher la
possibilité de fuir une condamnation et ainsi de se faire oublier pendant quelques années, d'autres
recherchaient l'aventure et l'introspection, ou encore comme Melville lui-même n'avaient tout
simplement rien qui les retenait à terre. Ainsi, l'équipage du Pequod reflète cette variété d'origines et de destins, de langages et d'idées à laquelle Melville a eu le plaisir de se confronter. Les matelots
qui s'engageaient à bord revenaient souvent à terre avec des dettes contractées au cours du voyage
ou au mieux avec quelques sous en poche. Et pourtant, malgré la dégradation des conditions
humaines, toujours plus de gens affluaient dans les ports pour pouvoir s'embarquer sur un baleinier.
L'aventure de la chasse à la baleine était avant tout une aventure humaine.
Un travail d’écriture et d’adaptation sera nécessaire pour interpréter à une seule voix les différents
personnages de ce roman.

Scénographie


- accueil du public avant la salle avec les panneaux illustrés sur les cétacés
- Une table sur tréteaux qui fait presque la largeur de la scène.
Le public peut être disposé autour de cette grande table.
Dessus : tout ce dont on a besoin pour raconter l’histoire, incarner les personnages, jouer avec la lumière et les bruits.
Une actrice et un musicien.
Des instruments étonnants : Dan Bau (unicorde traditionnel d’Asie amplifié), pygmé sitar, joué…


Création musicale

Le Dan Bau est un instrument qui reproduit à merveille le chant des cétacés, ce qui permettra une création musicale axée sur ce langage. Des enregistrements de chants de cachalots et baleines seront aussi mixés dans la création musicale. Un looper permettra de mixer les instruments étonnants
utilisés par le musicien. Les chants de baleiniers et de marins du début du XXe siècles pourront aussi servir de ponctuation au récit.

Extrait
Les grandes écluses du monde des merveilles s’ouvraient devant moi, et, dans les folles imaginations qui me faisaient pencher vers mon désir, deux par deux entraient en flottant dans le secret de mon âme des processions sans fin de baleines avec, au milieu, le grand fantôme blanc de l’une d’elles, pareil à une colline de neige dans le ciel.
Herman Melville, Moby Dick