Pour un oui ou pour un non
Il est question ici de langage, de rhétorique et de démonstration.
Dans cette pièce où un tribunal peut vous délivrer l’autorisation de rompre une amitié, la tentation est grande d’appliquer cette mise en abyme théâtrale du tribunal dans la pièce.
La salle de spectacle devient donc un tribunal où le public devra rendre un jugement : celui qui concerne la demande de rupture amicale d'une certaine H 2 face à une amie de toujours, H 1.
Le public prend la place d’un juré d’assise et des membres du tribunal, et les spectateurs sont intégrés à l’histoire dans une mise en situation dynamique de la pièce. Il est pris à parti pour comprendre les différents points de vue.
Imperceptiblement, les avocates se confondent avec les personnages de la pièce. On brouille les pistes et le lieu de la reconstitution devient scène de théâtre.
Cette plongée dans le métathéâtre donne l’occasion de défricher ce texte en jouant sur les mots, les intentions, les mises en scène.
Jouer ce texte sans 4eme mur permet aussi de dynamiter les codes du théâtre et d’inclure le public dans la recherche de la vérité et dans le jugement des personnages.
On retrouvera ici les codes de la téléréalité et leur confessionnal,
mais aussi les codes des réseaux sociaux et leur culture de l’image. Car l’image du bonheur et de la réussite, le jugement d’autrui, les questions de normes, de validation, d'influence qui étaient déjà développés dans cette pièce de 1982 nous tend un miroir bien actuel qui va soulever des interrogations, dévoiler des passerelles et nous permettre la transition vers un petit « bord scène » où nous pourrons aborder toutes ces questions...